Le “rough” (esquisse, premier jet) a été pendant longtemps le seul moyen d’ébaucher, de montrer ses idées aux différents acteurs d'un projet graphique (clients, photographes, illustrateurs…).
L’arrivée progressive de l’informatique, puis d’internet et des banques d’images a petit à petit évincé les maquettes dessinées (sur papier layout avec des feutres Pantone®) au profit du photomontage.
Cela a été une réelle montée en réalisme des visuels maquettes, mais elle s'est probablement fait au détriment de la singularité : toutes les agences piochant dans les mêmes banques d’images, l’inspiration et la matière première sont devenues les mêmes pour tous, et l'on observe une certaine unité dans les rayons…

Mais le rough qui avait quasiment disparu pour des raisons techniques (la facilité du photomontage vs. le dessin et la mise en couleur à la main) refait surface grâce à la tablette numérique. L’iPad Pro permetant de dessiner avec un stylet directement sur l’écran et autorisant la séparation du rough en différentes couches (dessins, couleurs, effets…) donne accès à une mise en œuvre plus permissive (l’erreur est permise…) ainsi qu'une facilité d’intégration dans les fichiers de montages informatiques.

Un intérêt évident du retour du rough, au-delà du plaisir du graphiste de faire son métier, est la possibilité d’illustrer le plus justement un concept créatif (composition, lumières…) sans compromis, contrairement au photomontage réalisé avec des sources disparates et pas toujours évidentes à trouver.
Il donne également plus de liberté au photographe ou à l’illustrateur de s’exprimer : le rough restant un guide et non une cible. En collaboration avec le directeur artistique, ce duo peut créer des images plus personnelles et qualitatives.
Et demain?
L'outil faisant évoluer le métier autant que l'inverse, la pratique du rough numérique pourrait s'installer de plus en plus dans les agences, puis par extension, nous pourrions commencer à (re)voir des packagings "illustrés".